Tel un pot de fleurs

Je fais partie de cette majorité d’étudiants universitaires qui ont cours 2 jours par semaine au plus grand malheur de son entourage. Histoire de rattraper le coup et afin de ne pas passer pour la pire fainéante planétaire – et parce que mon objectif principal dans la vie est de sortir de chez Burberry avec un sac Burberry à la main – j’ai décidé de me trouver un job étudiant.

Puisque j'en avais raz la casquette de triller des petites culottes et de renseigner une vieille dame sur les nouveaux portes jarretelles à la mode – parce que madame à des soirées particulières – j’ai décidé de rejoindre une copine inscrite dans une agence d’hôtesses qui m’en a longuement vanté les mérites.

Après un court entretien où on m’a demandé ma taille – verticale et horizontale – et pris quelques photos, j’ai rejoins le club. Mon copain, super fière de sortir avec une hôtesse m’a d’emblée fait son listing des évènements à ne pas manquer – où il était persuadé que ma présence en tant qu’hôtesse serait la bien venue - : le salon de l’automobile, les matchs de Rolland Garros, le tournois des VI nations .... Aussi fut il extrêmement content d’apprendre que je serais de la soirée « remise des trophées sportifs ».

Pour l'événement : obligation de porter un chignon de danseuse plaqué et un maquillage distingué, c’est à dire « poudrez, poudrez, poudrez ! Solène vous n’avez pas un peu de rouge à lèvres à vous mettre ? » Après un bref briefing, nous rejoignons chacune notre poste ! Me voici debout, souriante, à l’entrée de la salle, en plein courant d’air, en petite robe, pour saluer 800 personnes et leur remettre un bracelet.

6h plus tard je me trouve aux vestiaires, sautant par dessus les sacs comme si j’avais pratiqué le saut de haies toute ma vie, à chercher à droite à gauche des trench Burberry, des blousons Sandro ou encore des petits cuirs Chevignon.

- Quelle efficacité ces hôtesses! Crie Monsieur Chevignon – moi = sourire –

Madame Sandro ajoute : 

- Oh c’est l’entrainement, à force de travailler aux vestiaires je pense qu’elles ont une organisation particulière. Elles doivent suivre des formations.

Puis me regardant : vous avez des possibilités d’évolutions en tant qu’hôtesses ? » .

- Oh mais moi je suis étudiante. Vous savez travailler aux vestiaires n’est pas vraiment ma vocation. 'Rire nerveux'.

Vers minuit je finis de rendre les dernières vestes sous les regards de pitié des convives. Mes pieds hurlent dans mes escarpins neufs et mon estomac crie famine. Mais je tiens jusqu’au bout, souriante avec le peu de fierté qui me reste.

Bilan de la soirée : j’ai serré la main de Michel Desjoyeaux enfin je lui ai juste attaché un bracelet et il me reste encore 134 heures à faire le pot de fleurs avant de posséder, moi aussi, un trench Burberry.